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Verdun

«négatifs»
10 drapeaux de 150 x 150 cm installés sur le «champ» de bataille de Verdun.
Les drapeaux incitent à une relecture du territoire où se sont passés les évènements. Le choix du
drapeau comme support s’est fait très naturellement, dans son évidence, il me permettait d’introduire
une perturbation, un paradoxe quant à son utilisation habituelle. Ils ne sont pas plus les emblèmes de
nations qu’ils ne sont installés là où habituellement on s’attend à les trouver.
Ils figurent les négatifs d’un élémentspécifique à la cartographie, la courbe de niveau. La couleur
orangé provient de la convention qui veut qu’elle soit imprimée de cette couleur.
Cette «abstraction» graphique peut nous donner une idée exacte du relief. La topographie en partie
nous aide à comprendre la fixation de la ligne de front à cet endroit.
L’intervention que je propose ici, repose sur la difficulté de s’approprier un tel lieu, de tels évènements,
d’autant plus qu’il ne s’agit pas de commémorer une bataille.
Si l’on considère la pratique picturale sous l’angle de son histoire; on pourrait se référer à deux catégories,
«la peinture d’Histoire» et la peinture de paysage. Dans chacune de celles ci, le sujet programme
et détermine l’image figurée. J’entends ici le terme programme dans son acception lié à l’objet d’une
commande.
Je pense que la pertinence à atteindre pour cette intervention est de se situer au plus près du terrain,
au plus près de l’entre-deux, qui est propre à la situation du cadre dans lequel j’interviens.
Je tente de mettre en avant la topographie comme matériau, comme lieu d’expérience.
Le drame individuel, l’impossibilité d’une vision globale, d’un horizon, d’une projection des évènements
qui y ont eu lieu…sont les idées «fragmentées» qui me sont restées à l’esprit.
Poussons le paradoxe de la peinture d’Histoire, une image unique me semble impensable, même le
panorama ne le pourrait pas.
Il s’agit d’une ligne de front circonscrite mais en perpétuel mouvement sur une durée de 3 années.
Cette perpétuelle activitée, vécue individuellement par chaque soldat, c’est ce que je tente de retrouver
au travers du choix que je fais de l’implantations des drapeaux.
J’ai choisi en conséquences des zones d’accès, d’approches, de montées en première ligne, de replis,
d’attente… qui ne sont pas identifiées, matérialisées par un monument.
Les deux points les plus éloignés, si l’on trace une ligne droite sur la carte, le sont de plus de dix kilomètres.
La dissémination des drapeaux rend impossible une vision globale de l’installation.
Il faut parcourir ces zones qui ont été foulées en tout sens, au rythme propre de chaque soldat. Seul
cette marche à l’aide de la carte peut redonner, en partie, une dimension physique à cet évènement.